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Blogorrhée

16 août 2011

Masaki, sexy sushi

Amis vacanciers, rebonjour.

Ecrans.fr inaugure une série estivale « Phénomènes du Web », où l’on peut notamment découvrir la vie palpitante de Chris Crocker, l’emo blondinet auteur de l’inoubliable « Leave Britney alone ! ». L’initiative est saluée par les blogueurs et autres fans de culture web, Sexactu consacrant même un post au génial String Emil (il est vrai que son site vaut le détour, au moins pour la musique).

Le moment me semble donc approprié pour dévoiler au monde une figure méconnue en Occident : Hard Gay, le nouveau super-héros nippon.

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Hard Gay est un dérivé japonais de notre Amélie Poulain nationale: il aide les gens pour le plaisir de les aider.. et d'exhiber sa tenue en latex qui vaut certes le détour. Une biographie assez détaillée de Masaki Sumitani (aka Hard Gay ou encore Hadogey) est disponible ici, mais il me semble plus intéressant de vous laisser découvrir son génie en images :

 

 

Le plus génial, c'est qu'il se sert de la gêne permanente des Japonais pour mener à bien ses missions: ses interlocuteurs, trop mal à l'aise ou polis pour s'enfuir ou éventuellement l'insulter (comme on pourrait se l'imaginer s'il tentait l'expérience en France), finissent par se plier à ses exigences.

Son aisance et son imagination étonnent d'ailleurs de la part d'un Japonais: pour connaître la culture nippone et avoir voyagé au Japon, j'avais réalisé que même les Japonais les plus ouverts, foufous et/ou ayant vécu plusieurs années à l'étranger gardent un comportement très codifié, notamment en ce qui concerne la proximité avec d'autres personnes. Or Hard Gay frotte allègrement son publis sur des inconnus en lançant son inimitable "Fuuuuuu!". Je me demande bien où il a grandi.

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1 juillet 2011

Pour la réhabilitation immédiate du slow

Les petits plaisirs de la vie, à l’âge adulte, sont d’un prosaïsme affligeant : c’est par exemple la satisfaction d’avoir fait ses cinq minutes d’abdos par jour, le bain après une journée au bureau ou encore l’instant où, après une soirée en boîte, on enlève ses talons et on se sent bien.

C’est nul.

C’est encore plus nul lorsque l’on repense à nos bonheurs d’enfance et d’adolescence, par exemple à l’excitation que l’on pouvait ressentir lorsque, en colo, on nous annonçait qu’il y avait boum demain. Tout ça parce que qui dit boum, dit SLOW.

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Le slow, en plus d’être l’anglicisme le plus pur de la langue française (sérieusement, je me suis toujours demandée ; au Moyen-âge, on disait probablement « fin de semaine » pour parler du week-end, mais comment nommait-on le slow avant le 20e siècle ? Ça n’existait vraiment pas ? Je reste intimement convaincue que Louis XVI en a connu les délices avant d’avoir la tête coupée), est l’un de ces moments où vous êtes persuadé que vous allez faire une crise cardiaque dans la seconde, et mourir bêtement dans les bras d’un garçon de douze ans.

Que ce soit en colo, ou dans les « soirées » d’anniversaires de vos potes de collège (oui, c’était de 14h à 18h, mais appelons-ça quand même une soirée, sinon vous allez perdre vos repères), il y avait toujours ce moment super awkward où le mec qui faisait office de DJ choisissait (ou bien se voyait contraint, sous la pression féminine) de passer un slow. De tous les prépubères qui bavardaient debout en sirotant du jus d’orange sans vodka dedans, en moins de trente secondes tous étaient assis sur une chaise le plus loin possible des membres du sexe opposé. Et personne ne parlait. Généralement, le couple institutionnel (Kevin et Jennifer, en couple depuis cinq jours et demi, l’équivalent du monsieur au regard bovin et de la demoiselle au collier vraiment chelou que vous pouvez voir ici version collège) se levait et ouvrait la danse, histoire que les loosers célibataires soient plus à l’aise pour pécho à leur tour et ensuite faire des double dates à la cantine.

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Et une fois le mouvement lancé, c’est l’angoisse totale : grosse angoisse si aucun mec ne vient vous inviter, grosse angoisse si un mec vient vous inviter. Piégée. Généralement, il y a le mec (qui ressemble quasiment toujours à une version IRL de malabar avec un peu d’acné) dont on rêve qu’il vienne nous susurrer « tu danses ? » à l’oreille ; du coup, si un autre mec vient nous voir, on l’envoie bouler, mais si c’est le mec qui vient nous voir, on est tellement étonnée que sous le choc, on l’envoie bouler. S’ensuivent des remords inconsolables, puisqu’une fois l’étape du « non » consommée, une deuxième demande est impossible. La fille n’osera jamais revenir sur sa décision et aller voir le mec d’elle-même, et le mec s’étant déjà pris une poutre dans son égo ne va certainement pas revenir à la charge. Donc on se morfond, et on se promet que la prochaine fois, on ne sera pas aussi stupide.

Si on y réfléchit bien, tout ça n’est que la préfiguration adolescente du concept de one night stand. Voyez plutôt : vous êtes en boîte, un mec vous aborde, d’une manière peut-être trop directe/maladroite/crue (je ne vous traduis pas le « tu danses ? » en langage +18 ans, ça me semble assez clair comme ça). Comme tout se passe très vite, un mot de travers prononcé sous l’effet de la surprise et vous l’avez repoussé sans vraiment le vouloir. Vous tentez bien de lui faire ensuite des petits regards en espérant qu’il saisisse le tragique de la situation, mais il a déjà la tête entre les seins d’une blonde, donc on se morfond, et on se promet que la prochaine fois, on ne sera pas aussi stupide.

Le slow, comme les premiers one night stand, c’est l’instant de la délicieuse balance entre la peur et le désir. On a un peu honte (surtout des autres, surtout qu’il nous « mette un vent »), mais quand on parvient à braver la honte et l’appréhension, le moment de la danse (comme ensuite celui du sexe) est carrément magique. Dans les deux cas, au début, on n’ose pas toucher franchement (après tout, on ne connaît pas l’autre, ou pas bien), puis on se laisse aller (dans un cas on pose sa tête sur l’épaule du garçon, dans l’autre je censure), on apprend à rire des ratés (écrasage systématique de pied VS bruits chelous de succion des ventres). Bref, une complicité se crée entre les partenaires, d’autant plus exquise qu’elle est éphémère.

Le slow, c’est aussi la première approche de la « baisse des critères », ce concept qui hantera votre vie sexuelle quelques années (ou quelques mois pour les précoces) après votre dernier slow. Parce qu’après trois échecs de suite avec le bogoss de la colo qui n’est pas venu vous proposer de danser (ou qui l’a fait mais à qui vous avez répondu un « nggggg » qui l’a rapidement fait fuir), vous commencez à détacher vos yeux de sa casquette de bad boy et à regarder ce qui se passe autour de vous. C’est ainsi que vous vous rendrez-compte que Jordan, malgré le surplus de gel dans ses cheveux, a également un sourire charmeur, et qu’en plus il vient de casser avec Jessica. Le mouvement où vous acceptez de passer de Kevin à Jordan, vous le réamorcerez quelques années plus tard quand, après cinq mojitos, vous opterez pour le petit gros à lunettes (qui, au stroboscope, n’est pas si mal) à défaut du sosie de Romain Duris qui n’a pas daigné vous rendre votre sourire.

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Enfin, le slow, c’est la musique la plus intemporelle qui soit. Jugez plutôt : dans les « soirées » des 13-15 ans, on n’entendra forcément que de la musique contemporaine de qualité type Justin Bieber, ou l’excellente Rebecca Black. Vous qui pensez être dans le mouv’ des ados, détrompez-vous : une chanson se démode en moins de trois mois. Essayez donc de passer du Hanna Montana cet été : c’est déjà ringard. Cette règle vaut pour tous les genres de musique, SAUF le slow. Faites péter Céline Dion en colo, ça marche (par contre, personne ne connaît plus son nom, et ça vous fout un sacré coup de vieux).

A musique intemporelle, je propose la pratique intemporelle : réhabilitons le slow. Franchement, deux-trois slows discrètement glissés dans la playlist d’un cocktail d’entreprise et les accords se règleront avec beaucoup plus de facilité. Le problème des soirées d’intégration qui partent en sucette ? Faites-leur bouffer du slow, ils arrêteront l’ecstasy.

Je revendique le droit au slow à tout âge. Frotter ses fesses contre un mec sur du Beyoncé, c’est vite déprimant. Mettre ses bras autour du cou d’un mec trop grand et galérer à tourner sans faire des pas de canard ridicules, ça c’est du bon.

PREUVE.

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26 juin 2011

Le(s) féminisme(s)

Parisiens, si vous n’étiez pas à la Marche des fiertés (apparemment, on ne dit plus « Gay Pride », et d’ailleurs on ne dit plus « gay » mais « gai », changement d’orthographe qui donne lieu à des panneaux assez folkos) hier après-midi, vous avez manqué des gens beaux et tout nus, des milliers de filles en soutien-gorge, des capotes gratuites, de la musique qui fait trembler les oreilles et un concentré de bonne humeur.

Niveau mélomanie, ça oscillait entre le boum-boum et Lady Gaga ; jusque là rien d’étonnant. Mais un char diffusant « Run the world (girls) » de Beyoncé à tue-tête m’a interpellée. Ça fait dix jours que cette chanson, et surtout son clip, me font cogiter encore plus que les terminales L sur les sujets philo du bac. Inutile de vous retranscrire les paroles, le titre de la chanson est assez explicite, son clip l’est encore davantage : les femmes sont maîtresses du monde.


Le message fait débat ; pour certaines, « dire que les femmes dirigent le monde, c’est appliquer la méthode coué : on aimerait que ce soit vrai mais on sait bien que c’est faux » (lire en intégralité l’excellent article des Martiennes sur le Girl Power). Je ne vais même pas jusque là, mon interrogation est bien plus basique : Beyoncé peut-elle se dire féministe tout en bougeant son cul comme elle le fait ?

J’ai du mal à me sortir de mon préjugé qu’une femme en talons de quinze et faux ongles bleus qui marche à quatre pattes dans le sable en secouant frénétiquement son postérieur (je ne fais que décrire le clip) est mal placée pour parler de féminisme. Je sais que j’ai potentiellement tort, au moins parce que Marie-Claire (magazine auquel j’accorde toutefois très peu de crédit) parle à propos de ce clip de « nouvelle prêtresse du féminisme », avant de continuer : « Féministe oui, mais sans oublier d’être sexy ! »

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Voilà pour moi le fond du problème. Dans mon esprit, le féminisme se divise grossièrement en deux courants distincts : les féministes sexy et les féministes non-sexy.

Beyoncé se place évidemment du côté des premières, féministes en talons hauts, lèvres rouges et adeptes du Girl Power. Ce qui continue – malgré mes efforts – à me déranger, c’est l’impression qu’elles se posent contre les hommes (plutôt que de prôner l’égalité, elles tentent la supériorité, comme le prouve Beyoncé en chevauchant violemment un pauvre figurant) tout en continuant à s’adapter aux normes de désir masculins (talons, bas résilles, corps exhibé).

Alors, est-ce un piège (je t’attire avec mes seins à l’air pour ensuite constater que tu es l’objet désirant donc inférieur, et moi l’objet désiré donc supérieur) ? Est-ce tout simplement une réappropriation de la sexytude (avant je portais des talons pour te plaire, maintenant je porte des talons parce que ça me plaît et pas du tout dans le but de t’attirer) ? Dans les deux cas, la cause est noble, mais je comprends que les hommes soient un peu perdus. Et à vrai dire, je le suis aussi.

De l’autre côté du vaste monde des féministes, on trouve celles qu’on ne voit pas dans les clips de pop : féministes en T-shirt et baskets (pour rester dans la caricature) qui au lieu de s’approprier les normes de désir masculin, les rejettent tout simplement ; les descendantes des femmes qui réclamaient le droit aux seins qui tombent. J’ai moi-même longtemps rejeté toute forme de féminité. Adolescente, portant des baggys et abhorrant les slims, je refusais d’être sexy, pensant que c’était se conformer au désir masculin. Je voulais que le désir masculin se conforme à moi. Et quelle ne fut pas ma douleur quand j’ai réalisé que les skateurs que je draguais frénétiquement finissaient toujours avec des blondes à talons hauts, quand je pensais que mes Vans et mon T-shirt Emerica étaient une preuve ostensible qu’on était du même monde et que je pouvais les comprendre, moi. Jusqu’à ma troisième année de fac, je n’avais jamais mis de vernis ou de rouge à lèvres. J’ai porté ma première robe en milieu de terminale. Être féminine, c’était céder à la pression de ma mère qui me répétait que je serais tellement plus jolie en jupe, céder à ma jalousie envers mes copines de classe qui se faisaient reluquer les jambes à la récré. Mon modèle d'alors, c'était, je vous le donne en mille... cette charmante Avril.

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Même si j’ai abandonné mes jean taille 42 (alors que j'ai toujours fait du 36) depuis plusieurs années, je comprends tout à fait que l’on revendique une non-sexitude. Je comprends également l’autre versant de la revendication « je m’habille comme je veux », à savoir en mini-jupes et talons, et le concept des Slut Walks m’emplit de joie. Bien sûr que je suis d’accord avec l'idée que la tenue d'une femme ne légitimera jamais une agression ou un viol, et que « a dress is not a yes », mais mon côté macho (hérité de mes années d’adolescence durant lesquelles j’ai passé beaucoup de temps avec des bandes de garçons) fait que malgré ce dévouement théorique à la cause, croiser une fille en jupe trop courte (type celle-là) me fera me retourner sur elle, et selon la personne qui m’accompagne, éventuellement grommeler un « uffffff » pas toujours subtil.

So what ? Je sais que vous vous attendez probablement à une conclusion qui tabasse, malheureusement le problème est toujours aussi compliqué, et pour ma part, reste sans réponse. Cependant je crois tenir un indice en vous avouant (attention préparez-vous, j'enfonce des portes ouvertes) que le contexte y est pour beaucoup : à la Gay Pride justement, d’aucune des filles en soutien-gorge, des travestis en mini-short et des trans en string, je n’ai pensé du mal. Tout simplement parce qu’ils étaient en majorité. De même qu’en Allemagne (entre autres), comme vous savez que ça ne viendrait à l’esprit d'aucun Allemand qu’une fille en mini short est une salope, vous n’arrivez pas à le penser non plus.

Moralité de l’histoire : ben… organisons des Slut Walks tous les week-ends, et statistiquement, d’ici un ou deux ans, tout ira mieux dans le meilleur des mondes.

300696crédits photos : Libération

24 juin 2011

Rêve à vendre

Je n’ai jamais trop compris l’expression « vendre du rêve », en tout cas dans sa connotation péjorative. Vendre du rêve, je trouve ça sain, c’est le but du cinéma, de la littérature, de beaucoup d’arts et de la plupart des divertissements ; et jusqu’ici, je ne voyais pas en quoi c’était blâmable.

Puis j’ai lu cet article de l’Express (en anglais ; vous en trouverez ici une traduction succincte par Maïa Mazaurette), qui parle de la routine des mannequins masculins – moins médiatisée que celle de leurs collègues féminins – pour parvenir à ressembler à ce que vous en voyez dans les magazines. On sait déjà tous que les bombes en couvertures de magazines sont photoshopées jusqu'au coude (on a tous vu la vidéo Dove evolution), on sait que les mannequins sont soumis à des régimes (alimentaires, mais pas seulement) drastiques, on sait tout ça. Mais malgré ça, la société ne parvient pas à réaliser que ce que l’on nous montre n’existe pas. Au sens le plus littéral du terme. Le mannequin interviewé par l’Express l’explique bien : « C’est impossible de ressembler à ça sept jours par semaine. Nous-mêmes n’y arrivons pas. Personne ne le peut ».

Ce n’est même plus du rêve. C’est carrément du vent.

Les films nous vendent du rêve, mais du métarêve, du rêve assumé. Ils tentent de nous faire croire à une histoire et des personnages pendant 90 minutes. Mais on est conscient de l’artificialité du dispositif, parce que le cinéma ne prétend pas montrer la réalité. On sait qu’entre deux prises, l’actrice est remaquillée, qu’on arrange la lumière de façon à ce qu’elle n’ait aucun cerne (ça a même un nom, ça s’appelle le high key lighting). Les magazines essayent de nous faire croire à des personnages jusqu’à ce qu’on en meure.

Les corps des magazines, comme ceux des publicités, n’existent pas. Je ne dis pas qu’ils sont rares, non, ils n’existent simplement pas du tout. Dans la vraie vie, les gens sont à la rigueur botoxés, ils ne sont pas photoshopés. Et pourtant, l’intégralité du contenu du magazine va consister en vous faire croire que vous pouvez ressembler à la jeune femme de la couverture.

C’est-à-dire qu’on vous montre ça : (cliquez sur l'image pour mieux baver)

Adriana Lima Vogue Spain 

Et qu’ensuite, on tente de vous vendre les attributs de Madame via des produits adaptés : l’eye-liner qu’elle porte sur la photo, le baume qui fait les lèvres pulpeuses comme elle a sur la photo, la robe de la photo, le gommage spécial seins pour avoir les seins de la photo, le programme sport & minceur pour être mince comme sur la photo, le blush qu’elle a sur la photo, tout ça agrémenté d’une interview où l’on découvre qu’elle est sympa (on le sait parce que la rédaction a ajouté « rires » après chaque phrase), cultivée (au lycée, elle a lu un recueil de Rimbaud), et que son secret beauté est « rester soi-même, et dormir beaucoup ».

Donc. Vous allez acheter tout ça, et malgré tous vos efforts, vous n’allez pas lui ressembler. Pourquoi ? Mais parce qu’elle non plus, elle ne ressemble pas à cette photo d’elle ! Adriana Lima, hors shooting, ressemble à ça :

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Pas dégueu au point de lui jeter des oeufs en hurlant "hou, le boudin", on vous l’accorde, mais reste qu'elle a la peau qui brille, des petits boutons, des poches sous les yeux, des cheveux tout ternes, et en bonus, une moue complètement stupide. En gros, c’est votre voisine de palier, quoi. Pas non plus de quoi hypothéquer votre studio pour des cosmétiques.

Cependant, mesdemoiselles, si vous êtes complexées par vos fesses, pas de problème : juste avant de faire l’amour, faites comme les mannequins de Victoria’s secret avant le défilé : étalez-vous vingt couches de fond de teint sur le popotin, et n’oubliez surtout pas de vous installer sous une lumière avantageuse. Il est certain que le garçon qui s’apprête à enfiler son préservatif ne s’enfuira pas net en réalisant qu’il est sur le point de coucher avec une folle, ah mais non, il sera bien trop occupé à s’extasier sur votre postérieur, cela va de soi.

Evidemment, si la société comprenait qu’il est tout bonnement impossible de ressembler aux modèles que l’on nous impose, et que les cosmétiques ne peuvent donc pas nous aider à atteindre ce but suprême, on se retrouverait tous en Grèce. Donc on continue de faire croire au gros mensonge, sauf Dove, la marque sympa qui nous dévoile les trucs de ses collègues et nous met en garde contre l’omniprésence de l’industrie de la beauté. Je me demande quand même comment ils se font de la thune. 

 

19 juin 2011

Canons relatifs

« On a bien le droit d’avoir les seins qui tombent ! »

C’était un des slogans des premières militantes féministes du 20e siècle, qu’elles hurlaient en brandissant leur soutien-gorge.

Ça en avait interpellé plus d’un à l’époque. En même temps, on se demande bien pourquoi une femme – féministe ou pas – peut être assaillie par le désir impérieux d’avoir les seins qui tombent. Mais il serait plus intéressant de se poser la question à l’envers : et pourquoi pas ?

Demandez à n’importe quelle femme : toutes vous diront que se sentir bien, c’est aussi se sentir belle. On connait toutes les matins qui commencent par un coup d’œil horrifié dans le miroir : vos cheveux n’ont pas brûlé pendant la nuit, vous n’avez pas rapetissé, et non, votre nez n’a pas poussé (quoi que vous pensiez), c’est simplement un jour sans, vous vous trouverez moche jusqu’à demain matin, et avec une telle estime de soi-même, difficile de se sentir très en forme.

A l’inverse, après un bain, un gommage, une crème de jour, un masque purifiant et une crème « éclat fabuleux », vous vous sentirez forcément mieux (même en sachant pertinemment que tous ces produits ne sont au final pas plus utiles qu’une motte de beurre étalée sur votre visage).

Bien sûr, tout ça n’a rien à voir avec un quelconque regard extérieur. La crème fabuleuse dont on se tartine n’a pas pour seule vocation de faire tomber les hommes comme des moucherons (ce qui est le cas après toute application d’une crème fabuleuse), on l’utilise parce qu’on aime se trouver belle, même si l’unique juge, c’est nous devant notre miroir.

Jugement féminin, donc.

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QUE NENNI, pauvresse. Comme tu te fourvoies. A chaque fois que tu te trouves belle (et donc que tu te sens bien), tu es un homme.

Exemple concret : moi, une amie, la plage. Moi, mollets impeccables mais repousse encore discrète qui pointe son poil du nez au niveau des cuisses. Elle : quasi évanouissement, gros yeux, reproches à la sauce « si j’étais à ta place », conjugués à « si j’étais à ta place, j’oserais pas me mettre en maillot ». Je rétorque que les potentiels reluqueurs de jambes ne m’intéressent pas des masses en ce moment précis. Elle réplique du tac au tac : « mais c’est pas pour les mecs, c’est pour moi ».

BULLSHIT. Elle tente de me faire croire que l’activité la plus contraignante, chiante et douloureuse du monde, elle la fait « pour elle » ? Que les poils sous peau, les jambes rouges, le calendrier Poils si strict (esthéticienne : tous les mois, cire froide : toutes les trois semaines, rasage : tous les trois jours), elle frémit de plaisir en y pensant ? Que si elle se retrouvait seule sur une île déserte (style charmante petite île japonaise pas trop loin de Fukushima), elle trouverait un moyen de continuer à s’épiler tellement c’est fun ? Megabullshit.

Il y a un degré de chiantitude plus ou moins grand en ce qui concerne les critères de beauté. Sans parler du regard des autres, être obèse, c’est quand même assez galère pour des raisons pratiques, sans parler des problèmes de santé. Etre poilue, c’est juste le Paradis.

Quand est née la mode des jambes glabres ? Penchez-vous sur la question si ça vous intéresse, personnellement je n’en ai pas le courage, mais ça m’étonnerait que les femmes elles-mêmes aient décidé que leur existence manquait cruellement d’une torture supplémentaire. Et l’argument « c’est plus joli » n’est pas valable. Ce n’était pas « plus joli » avant que l’on décrète que c’était « plus joli ». Personnellement, les mecs aux jambes épilées m’excitent autant que le coude de Coluche.

Il serait peut-être temps de se réapproprier les codes de beauté. De décider que si quelque chose m’emmerde (ici, vous l’avez compris : m’épiler), je m’en passe, et ça ne devrait pas (dans le meilleur des mondes) avoir de conséquences sur ma vie sexuelle et amoureuse. Le fait de ne pas respecter certains critères de beauté ne devrait pas effrayer les garçons, et encore moins les filles, qui sont les plus nazies sur la question. Et en tant que femme, être dictatoriale à propos d’une tâche dont on sait qu’elle emmerde profondément la totalité de la gent féminine, c’est comme les arabes qui votent Le Pen : logique et intelligent (attention, du sarcasme s’est caché dans cette phrase, saurez-vous le retrouver ?)

Je ne fais pas ici la défense du poil. Je laisserai plutôt s’exprimer Stéphane Rose dans cette interview sur rue69. Pour ma part, j’aime plutôt avoir les jambes lisses, mais pas au prix du temps, de la douleur et des complications que ça me coûte. Je voulais simplement attirer l’attention sur la façon dont les femmes se sont réapproprié des désirs masculins pour ensuite penser qu’ils sont leurs propres désirs.

Sur ce sujet, les hommes sont plus intelligents que nous. Vous avez déjà rencontré un garçon qu’il vous dit qu’il se laisse pousser la barbe parce que « ça plait aux filles » ? Non. Il se laisse pousser la barbe (ou se rase, au choix) parce que ça plait à sa copine. Le goût universel féminin n’existe pas, et les garçons le savent. Reste juste à ce que les filles comprennent que la réciproque est aussi vraie.

Pour une étude plus approfondie des goûts en matière de pilosité, je vous invite à faire un tour sur le blog des Piplettes Poilues.

 

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15 juin 2011

Des fringues et des couleurs

Vous l'avez remarqué si vous avez croisé un magasin de prêt-à-porter au moins une fois ces deux derniers mois: la France se met à la couleur. J'avais déjà eu des réflexions d'étrangers qui me disaientqu'à Paris, tout le monde est habillé en gris, noir, parfois beige les jours de fête. Pas faux. 

Donc on bouscule nos traditions nationales ; pour une fois, les français vont avoir l'air heureux. Ouh La La. Je serais tentée d'attribuer en partie ce phénomène à l'influence berlinoise qui grandit chaque jour. Sérieusement, l'Allemagne devient in. Ca paraît étrange, je sais, surtout que c'est plein d'Allemands là-bas, mais je m'incline devant les faits : le Foto Automat (comprendre: cabine photo vintage) réapparaît à Paris après des décennies de mort cérébrale, et les Open Air (comprendre: musique éléctro dans parc l'après-midi et gens qui boivent et dansent) arrivent au pas de course: pour les Parisiens, les Buttes Chaumont ont pondu un petit rassemblement d'ex-Erasmus à Berlin et d'Allemands expatriés le week-end dernier, le prochain aura lieu samedi 25 au Parc Kellermann, 14h-19h (Porte d'Italie).

Bref. Les Français ont donc décidé que eux aussi s'habilleraient n'importe comment. Sauf que voilà, la mode française n'est pas tout à fait prête, et donc ça donne des conseils comme ça: "Cette saison, on mise sur les couleurs vibrantes. Bleu, violet et jaune seront à l’honneur. Mais attention, pour ne pas avoir l’air d’un sapin de noël, il y a quelques règles à respecter". L'oxymore, tu connais? S'ensuit une floppée de "coloré mais pas trop", "voyant mais pas flashy", dans la ligne des "aimer ses rondeurs (sans être trop grosse)" et "assumer ses soirées échangistes sans passer pour une salope". C'est signé Elle, évidemment.

Et puisque les magazines féminins ont toujours la mainmise sur le style de la populace, ça donne ce résultat:

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C'est bien pour ceux qui pensent vivre dans une Fasion Week et dont le but dans la vie est d'apparaître dans la section "street style" d'un blog de mode (les photos sont d'ailleurs tirées de ce blog-ci). Sauf que, si on veut avoir l'air d'un Berlinois, c'est pas du tout ça. Le grand défaut des parisiens (et des Français en général), c'est qu'ils font beaucoup trop attention à eux. Donc quand vous demandez à une copine d'où vient sa chemise à carreaux, elle vous répondra d'un air désabusé "oh, je l'ai piquée à mon père". Ce sac vintage trop mignon? Trouvée dans le placard de sa mère. La ceinture en cuir tressé? Récupérée sur le cadavre de sa grand-mère. MENSONGES. Vous savez très bien qu'elle est allée dépenser son loyer dans des ventes privées vintage (pour au final vraiment ressembler à tata Yvonne, c'est toute l'ironie de la fashion-dictature).

Les Berlinois, eux, ne font pas semblant. Ils ne comprennent pas la blague du pull de Mark Darcy dans Bridget Jones (oui oui, on parle bien de ce pull-là). Eux le mettent pour aller draguer. Ils s'habillent vraiment n'importe comment. Ils ne mentent pas quand ils vous expliquent qu'ils ont piqué leur short à leur père, et quand on voit le short en question, on sait que c'est vrai. Et ceux qui réfléchissent à ce qu'ils mettent cultivent un délicieux mauvais goût. La preuve en image.

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Ces photos ont été prises pendant des raves, open-airs et festivals de musique. Si on les compare à celles que j'ai prises lors de l'open-air des Buttes-Chaumont à Paris, cf. ci-dessous (oh! ben dis-donc, du denim et des trench-coats beige, ça respire la France), on se dit que non, vraiment, les Français ne sont pas prêts pour les chapeaux-marguerites et les chaussettes montantes.

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12 juin 2011

There’s a special place in hell for fashion bloggers.

 

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And that’s why this ain't a fashion blog. Non que l’on ait peur de l’enfer, mais tout simplement parce que l’idée d’être enfermées pour l’éternité près de filles piaillant gaiement à propos de leurs nouveaux talons nous débecte. Ce blog parlera donc éventuellement de mode, mais il sera avant tout un pot-pourri de culture, d’actu, de mode, de cinéma et d’art. N’excluons pas la sociologie, sexologie, philosophie, Dali et autres –ies.

Bonjour.

 

 

 

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