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Blogorrhée
19 juin 2011

Canons relatifs

« On a bien le droit d’avoir les seins qui tombent ! »

C’était un des slogans des premières militantes féministes du 20e siècle, qu’elles hurlaient en brandissant leur soutien-gorge.

Ça en avait interpellé plus d’un à l’époque. En même temps, on se demande bien pourquoi une femme – féministe ou pas – peut être assaillie par le désir impérieux d’avoir les seins qui tombent. Mais il serait plus intéressant de se poser la question à l’envers : et pourquoi pas ?

Demandez à n’importe quelle femme : toutes vous diront que se sentir bien, c’est aussi se sentir belle. On connait toutes les matins qui commencent par un coup d’œil horrifié dans le miroir : vos cheveux n’ont pas brûlé pendant la nuit, vous n’avez pas rapetissé, et non, votre nez n’a pas poussé (quoi que vous pensiez), c’est simplement un jour sans, vous vous trouverez moche jusqu’à demain matin, et avec une telle estime de soi-même, difficile de se sentir très en forme.

A l’inverse, après un bain, un gommage, une crème de jour, un masque purifiant et une crème « éclat fabuleux », vous vous sentirez forcément mieux (même en sachant pertinemment que tous ces produits ne sont au final pas plus utiles qu’une motte de beurre étalée sur votre visage).

Bien sûr, tout ça n’a rien à voir avec un quelconque regard extérieur. La crème fabuleuse dont on se tartine n’a pas pour seule vocation de faire tomber les hommes comme des moucherons (ce qui est le cas après toute application d’une crème fabuleuse), on l’utilise parce qu’on aime se trouver belle, même si l’unique juge, c’est nous devant notre miroir.

Jugement féminin, donc.

Suffragettes-Big

QUE NENNI, pauvresse. Comme tu te fourvoies. A chaque fois que tu te trouves belle (et donc que tu te sens bien), tu es un homme.

Exemple concret : moi, une amie, la plage. Moi, mollets impeccables mais repousse encore discrète qui pointe son poil du nez au niveau des cuisses. Elle : quasi évanouissement, gros yeux, reproches à la sauce « si j’étais à ta place », conjugués à « si j’étais à ta place, j’oserais pas me mettre en maillot ». Je rétorque que les potentiels reluqueurs de jambes ne m’intéressent pas des masses en ce moment précis. Elle réplique du tac au tac : « mais c’est pas pour les mecs, c’est pour moi ».

BULLSHIT. Elle tente de me faire croire que l’activité la plus contraignante, chiante et douloureuse du monde, elle la fait « pour elle » ? Que les poils sous peau, les jambes rouges, le calendrier Poils si strict (esthéticienne : tous les mois, cire froide : toutes les trois semaines, rasage : tous les trois jours), elle frémit de plaisir en y pensant ? Que si elle se retrouvait seule sur une île déserte (style charmante petite île japonaise pas trop loin de Fukushima), elle trouverait un moyen de continuer à s’épiler tellement c’est fun ? Megabullshit.

Il y a un degré de chiantitude plus ou moins grand en ce qui concerne les critères de beauté. Sans parler du regard des autres, être obèse, c’est quand même assez galère pour des raisons pratiques, sans parler des problèmes de santé. Etre poilue, c’est juste le Paradis.

Quand est née la mode des jambes glabres ? Penchez-vous sur la question si ça vous intéresse, personnellement je n’en ai pas le courage, mais ça m’étonnerait que les femmes elles-mêmes aient décidé que leur existence manquait cruellement d’une torture supplémentaire. Et l’argument « c’est plus joli » n’est pas valable. Ce n’était pas « plus joli » avant que l’on décrète que c’était « plus joli ». Personnellement, les mecs aux jambes épilées m’excitent autant que le coude de Coluche.

Il serait peut-être temps de se réapproprier les codes de beauté. De décider que si quelque chose m’emmerde (ici, vous l’avez compris : m’épiler), je m’en passe, et ça ne devrait pas (dans le meilleur des mondes) avoir de conséquences sur ma vie sexuelle et amoureuse. Le fait de ne pas respecter certains critères de beauté ne devrait pas effrayer les garçons, et encore moins les filles, qui sont les plus nazies sur la question. Et en tant que femme, être dictatoriale à propos d’une tâche dont on sait qu’elle emmerde profondément la totalité de la gent féminine, c’est comme les arabes qui votent Le Pen : logique et intelligent (attention, du sarcasme s’est caché dans cette phrase, saurez-vous le retrouver ?)

Je ne fais pas ici la défense du poil. Je laisserai plutôt s’exprimer Stéphane Rose dans cette interview sur rue69. Pour ma part, j’aime plutôt avoir les jambes lisses, mais pas au prix du temps, de la douleur et des complications que ça me coûte. Je voulais simplement attirer l’attention sur la façon dont les femmes se sont réapproprié des désirs masculins pour ensuite penser qu’ils sont leurs propres désirs.

Sur ce sujet, les hommes sont plus intelligents que nous. Vous avez déjà rencontré un garçon qu’il vous dit qu’il se laisse pousser la barbe parce que « ça plait aux filles » ? Non. Il se laisse pousser la barbe (ou se rase, au choix) parce que ça plait à sa copine. Le goût universel féminin n’existe pas, et les garçons le savent. Reste juste à ce que les filles comprennent que la réciproque est aussi vraie.

Pour une étude plus approfondie des goûts en matière de pilosité, je vous invite à faire un tour sur le blog des Piplettes Poilues.

 

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Commentaires
A
Je suis un arabe qui vote Le Pen.<br /> Et je suis un mec bien, éduqué, intelligent.<br /> <br /> Il vous reste du chemin à parcourir.<br /> <br /> J'ai atterri ici.<br /> Je voulais juste manifester mon existence.
P
Je suis très touchée que vous fassiez référence à mon blog dans votre article par ailleurs très pertinent et amusant !<br /> <br /> Si le coeur vous dit d'écrire un article pour le blog des piplettes poilues, n'hésitez pas, toutes les contributions sont les bienvenues :) !<br /> <br /> je voulais aussi préciser que seule la catégorie "Au poil" du blog concerne spécifiquement les questions pileuses.
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